Se référent aux normes de l'Organisation Mondiale de la Santé (OMS) en matière de décompte des personnes infectées par le Coronavirus, le Bénin vient de constater une forte diminution de ses cas confirmés positifs au Covid-19. De plus de 300 cas de contamination il y a quelques jours, le pays vient de passer à 130 cas.

Se référent aux normes de l'Organisation Mondiale de la Santé (OMS) en matière de décompte des personnes infectées par le Coronavirus, le Bénin vient de constater une forte diminution de ses cas confirmés positifs au Covid-19. De plus de 300 cas de contamination il y a quelques jours, le pays vient de passer à 130 cas. 

Pour expliquer cette réduction significative à la population, le ministre de la santé est monté au créneau à la faveur d'une conférence de presse organisée ce mardi 19 mai 2020 pour s'entretenir avec les processionnels des médias. Après sa déclaration, le Ministre de la Santé a répondu aux questions de la presse. 

Voici ses propos :

Question : Que peut-on comprendre par ces nouveaux chiffres ? Traduisent-ils une remise en cause par l'OMS des tests réalisés au Bénin ?

MS : Les tests qui ont été réalisés ne sont pas remis en cause par l'OMS. Le Bénin a juste choisi de revenir à une norme respectée par tout le monde parce qu’il faut pouvoir comparer les chiffres. Lorsque vous prenez les chiffres communiqués par les autres pays, même ceux qui sont en train de réaliser les tests de diagnostic rapide, vous vous rendez compte qu'ils ne communiquent que les données de la PCR. Cela fait qu'en voulant comparer, vous comparez les données du Bénin qui associent les tests de diagnostic rapide et la PCR aux données des autres pays qui ne sont issues que de la PCR. Il se pose aisément à ce niveau un problème de comparaison des données.

La deuxième chose fondamentale est que l'OMS ne remet pas en cause les tests de diagnostic rapide. L'OMS dit simplement que pour poser le diagnostic, il faut se référer à la PCR c'est à dire la recherche même du virus. Mais les tests de diagnostic rapide (TDR) permettent d'attester que la personne a été en contact avec le virus. Donc, ce n'est pas le test qui est remis en cause. Le Bénin, pour sa part, a fait l'option d’utiliser les tests de diagnostic rapide comme moyen de diagnostic parce qu'il faut se référer à l'interprétation de ces tests.

En effet, il y a deux types d'immunoglobulines encore appelés anticorps que font transparaître ces tests. Il s'agit des immunoglobulines M et des immunoglobulines G. Lorsque la personne entre en contact avec le virus, dans les 8 à 14 jours après ce contact, les immunoglobulines M apparaissent dans le sang c'est à dire que son corps réagit et produit des anticorps. Ces anticorps sont d’apparition précoce mais disparaissent également très vite. Dans un deuxième temps, il y a les immunoglobulines G qui apparaissent. Ils apparaissent après les immunoglobulines M mais disparaissent plus tardivement. Cela fait que lorsque vous faites un test de diagnostic rapide (TDR), vous avez trois types de résultats. Vous pouvez avoir les immunoglobulines M seuls qui apparaissent. Cela signifie que la personne a été récemment en contact avec le virus. 

Vous pouvez avoir un chevauchement des immunoglobulines M et G qui fait transparaître que le contact n'a pas été lointain et qu'il a commencé par secréter des immunoglobulines G également. Il y a le troisième cas de figure où la personne n’a que des immunoglobulines G. Cela peut être le cas d’une personne qui a déjà guéri de la Covid-19 et qui n'a que le stigmate qui montre qu'à un instant T il a été en contact avec le virus.


A l'étape actuelle des réflexions, l'OMS dit : « Nous ne voulons avancer sur le diagnostic certain qu'avec la technique qui isole même le virus c'est à dire la PCR ». Donc les résultats communiqués partout dans le monde sont sur la base de cette PCR. Je dois vous avouer que beaucoup de pays même dans notre sous-région font des expérimentations avec les tests de diagnostic rapide mais que les résultats ne sont pas publiés pour respecter cette prescription de l'OMS. Donc, les 339 cas qui étaient communiqués par le Gouvernement du Bénin associaient aussi bien les résultats des tests de diagnostic rapide que les résultats des PCR. Aujourd’hui nous avons fait la scission entre les deux en faisant ressortir les résultats issus de la PCR c'est-à-dire les 130 cas qui répondent effectivement à la prescription de l'OMS. 

Mais en dehors de cela, nous avons les 209 cas de positivité des tests de diagnostic rapide qui sont le signe, la traduction de ce que ces 209 personnes ont été en contact à un moment ou à un autre avec le virus.

Je voudrais attirer l'attention de la population sur le fait que ces chiffres qui ont été communiqués ne fassent pas baisser la garde. Absolument pas. Il faut que la garde soit maintenue et le Bénin a fait l’option de continuer à faire la sérosurveillance c'est-à-dire la surveillance sérologique avec les tests de diagnostic rapide non seulement pour s'assurer de ce qui se passe au sein de sa population par rapport au contact avec le virus, mais également dans le but de faire de la recherche parce qu'avec ce que nous faisons aujourd'hui, nous pouvons apporter beaucoup d'éléments pour contribuer à avoir plus d'éclaircissement sur l'interprétation de ces tests de diagnostic rapide comparés même avec la PCR sur les implications thérapeutiques que cela peut avoir en matière de surveillance au niveau de la population. Donc, ce que fait le Bénin actuellement est très important.

En dehors de cela, il faut souligner qu'en utilisant ces tests de diagnostic rapide, nous arrivons à avoir une idée. Parce qu'il faut se rendre compte également que la PCR peut être faussement négative. C'est pour cela qu'on peut avoir des TDR qui sont positifs et des PCR qui sont négatifs parce que la qualité du prélèvement qui est fait, le moment où ils ont été faits, la distance de l'infection ou non sont des éléments importants.

Je prends l'exemple simple d'un cas qui nous a été rapporté hier. C’est celui d’une dame qui a été dépistée avec les tests de diagnostic rapide et qui était positive. La PCR était négative. Nous avons cherché à voir dans l'entourage de cette dame, les autres sujets contacts avec lesquels elle a été et nous avons noté qu'elle allait dans une famille où il y avait un enfant de 7 mois. Nous avons testé tous les membres de cette famille et nous nous sommes rendu compte hier que la personne positive, tenez-vous bien, c'est le bébé de 7 mois qu'elle garde. Le bébé était positif à la PCR. Vous comprenez bien donc pourquoi le Gouvernement accorde de l'importance à cette sérosurveillance qui ouvre des voies, des pistes pour approfondir les réflexions dans le champ de cette pandémie qui révèle beaucoup d'équations.

En définitive, la baisse des chiffres ne doit pas faire entrer la problématique de cette pandémie dans la banalisation. Absolument pas. Avoir un seul cas est déjà suffisamment grave. Il ne faut pas que les 130 cas qui sont déclarés aujourd'hui fassent baisser la garde au niveau des populations.

La deuxième chose fondamentale a trait à la crédibilité des tests. Les tests réalisés au Bénin aussi bien en termes de diagnostic rapide qu’en termes de PCR sont totalement crédibles et l'Organisation Mondiale de la Santé n'a jamais remis en cause la crédibilité de ces tests. Je voudrais enfin rappeler à la population encore une fois que les mesures barrières, c'est-à-dire le lavage des mains à l'eau et au savon, le port systématique de masques ainsi que le respect de la distance de sécurité sont essentiels pour que nous puissions arrêter la propagation. Parce que justement nous ne savons qui est avec nous, qui nous côtoie et qui est en face de nous. Il faut considérer donc tous ceux qui sont avec nous comme étant potentiellement positifs et agir ainsi en tenant compte de cette donne.

Je voudrais juste vous rassurer qu'il s'agit d'une question de chiffres et de méthode. Nous avons aujourd’hui des données que nous pouvons comparer avec les données des autres pays. Le Bénin continue d’effectuer sa sérosurveillance pour savoir ce qui se passe au sein de sa population. 

Qu'en est-il de l’effectif des cas guéris qui est passé de 83 à 57? Que s'est-il réellement passé?

Merci. Avec la Commission de prise en charge, nous avons élaboré des procédures opérationnelles standards (POS) pour déterminer les critères de guérison des cas qui étaient déclarés positifs avec les tests de diagnostic rapide. Vous avez un sujet qui est positif par exemple avec les immunoglobulines M. Vous savez très bien que la personne est au début de l'infection, mais la PCR est négative à deux reprises peut-être, ce qui peut arriver, parce qu'il y a les faux négatifs comme je l'ai souligné tantôt qui existent. Vous mettez ces sujets sous traitement et à la fin de ce traitement, vous refaites les tests et vous constatez que les immunoglobulines G sont apparues et que sa PCR est toujours négative. On les déclare guéris. Donc, on a à faire à des sujets qui étaient en fait déclarés positifs juste avec les tests de diagnostic rapide et qu'on a déclaré guéris. Aujourd'hui, nous n’avons considéré dans ces 57 guéris que les sujets qui étaient au départ positif avec la PCR et qui à l'arrivée, ont été déclarés guéris avec la PCR. Ceux qui étaient positifs au départ exclusivement avec les tests de diagnostic rapide, on les a toujours sous surveillance dans la cohorte de sérosurveillance mais ils ne sont plus dans la cohorte des cas confirmés par la PCR comme recommandé par l'OMS.

E. G.
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