Le climat politique béninois s’est récemment tendu, à la suite de la sortie médiatique du député Michel François Oloutoyé SODJINOU, élu de la 19ème Circonscription et figure influente du parti Les Démocrates (LD). Par une déclaration publique au ton ferme, il a dénoncé ce qu’il qualifie de dérives internes : une gouvernance « d’un autre âge », marquée par le manque de transparence et une centralisation excessive des décisions.
Cette prise de parole ne relève pas d’un simple désaccord ponctuel. Elle révèle un malaise plus profond au sein de la formation politique. Lorsqu’un cadre aussi engagé ose briser le silence, c’est souvent le signe que le dialogue interne est en panne.
Michel SODJINOU s’interroge notamment sur le processus de désignation du duo présidentiel pour 2026, qu’il estime contraire aux valeurs participatives et démocratiques que le parti revendique depuis sa création.
Derrière ses mots, c’est tout un modèle de gouvernance qui est remis en cause. Les accusations d’opacité, de pratiques centralisées et d’exclusion des voix discordantes traduisent une crise de maturité politique. Pour un parti né dans l’espoir d’incarner une opposition crédible et moderne, la situation apparaît comme un test de cohérence entre discours et réalité.
Les Démocrates, comme bien d’autres partis africains, se retrouvent face à un dilemme : évoluer dans la fidélité à leurs idéaux ou s’enliser dans les luttes internes pour le pouvoir. À l’approche des grandes échéances électorales, une fracture entre la direction et la base militante pourrait s’avérer désastreuse. Le risque d’une démobilisation des sympathisants ou d’un éclatement interne n’est plus à écarter.
La désignation du duo présidentiel devrait être un moment de rassemblement. Pourtant, si les accusations de « passage en force » se confirment, le parti s’expose à une perte de légitimité et de confiance. Dans l’histoire politique du continent, bien des formations ont vacillé après de telles crises internes.
Mais au-delà du constat, la sortie de SODJINOU peut être lue comme une opportunité. Celle d’un sursaut collectif, d’un retour à la transparence et au dialogue sincère. Car la force d’un parti réside moins dans la discipline imposée que dans la capacité à écouter la critique et à corriger ses dérives.
Si Les Démocrates veulent demeurer fidèles à leur nom, ils devront prouver que la démocratie n’est pas qu’un slogan, mais une pratique vécue, d’abord en interne.
Deo-Grathias Jolidon OUSSOUKPEVI
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