La Communauté Économique des États de l'Afrique de l'Ouest (CEDEAO) est dans l'œil du cyclone depuis le kidnapping du Président Nigérien, Mohamed BAZOUM par un groupe de militaires aujourd'hui regroupés au sein du CNSP conduit par le Général Abdourhamane TCHIANI, instigateur du coup  qui fait du Niger le choux gras de la presse depuis le 26 juillet 2023. 

Dans l'opinion, il y a une matrice intellectuelle, une véritable machine parée à la manipulation des masses qui tend à faire passer la CEDEAO pour une organisation sous-régionale inféodée à la France qui lui dicterait la marche à suivre dans le cas de la crise du Niger, à telle enseigne qu'il est aujourd'hui important de s'arrêter pour s'intéresser à la CEDEAO. 

Les pays de la Communauté Économique des États de l'Afrique de l'Ouest comporte 15 pays que sont : Bénin, Burkina-Faso, Cap-Vert, Côte d'Ivoire, Gambie, Ghana, Guinée, Guinée-Bissau, Libéria, Mali, Niger, Nigéria, Sénégal, Sierra Leone et Togo. 

Dans le lot, tout observateur averti qui veut aborder l'actualité avec moins de passion y verrait cinq (5) pays anglophones (Nigéria, Ghana, Sierra Leone, Gambie, Liberia), deux (2) lusophones ( Cap-Vert, Guinée Bissau), des pays réputés n'avoir aucun lien colonial avec la France et enfin 8 pays francophones (Bénin, Côte d'Ivoire, Togo, Sénégal, Burkina-Faso, Mali, Guinée, Niger). Une composition qui fait de la CEDEAO dirigée actuellement par le Président nigérian Bola Ahmed TINUBU, une organisation sous-régionale qui échappe à la seule politique africaine de la France. 

Les putschistes en place à Niamey savent que la CEDEAO dispose d'une base légale pour intervenir militairement dans un des pays membres et remettre un Président déchu, et ce ne serait pas la première fois, puisqu'elle est une organisation sous-régionale disposant d'un statut qui a été ratifié par l’ensemble des États membres. 

La volonté d'intervenir au Niger, même si la piste du dialogue est encore prisée, a une  base juridique qui découle du traité révisé de 1993 dont l’article 58, prévoit dans son alinéa F la possibilité de constitution d’une force régionale de maintien de la paix appelée ECOMOG qui est déjà intervenue en 1998 en Sierra Leone pour remettre sur son fauteuil de Président M. Ahmad Tejan Kabbah renversé par un coup d'État. 

Mieux en plus de ce  traité, la CEDEAO peut encore se baser sur le protocole relatif au mécanisme de prévention, de gestion, de règlement des conflits, de maintien de la paix et de la sécurité qui a été signé le 10 décembre 1999 à Lomé. Un protocole qui fait partie intégrante du traité de la CEDEAO et qui de facto s’impose à ses membres. Ce traité prévoit également la mise en place d'une force civile et militaire pour maintenir ou rétablir la paix dans la sous-région, chaque fois que le besoin se fait sentir. 

Ainsi donc, continuer à voir la France derrière la CEDEAO malgré la diversité des pays qui la composent, et l'existence de statuts et traités ratifiés par l'ensemble des États membres, c'est infantiliser les Chefs d'État de la communauté. 

Amos KPÈHOUNTON

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