En supprimant un jour férié, la Première ministre danoise espère dégager 430 millions d'euros pour financer la hausse du budget de l'armée. Mais les Danois ne sont pas d'accord. Une fois n'étant pas coutume dans le pays, la population a exprimé son mécontentement dimanche dans la rue. C'était précisément à Copenhague. 

Le "Store Bededag", que l'on peut traduire en français par "le grand jour de prière" a été instauré il y a plus de trois siècles au Danemark, soit en 1686. Et la suppression de ce jour férié qui a lieu le quatrième vendredi après Pâques, suscite une grande controverse dans le pays, selon l'explication de Lars, un habitant de Copenhague : "On en parle beaucoup, même si, pour moi, ce jour férié n'est pas important pour des raisons religieuses ou culturelle. C'est juste qu'on est nombreux au Danemark à se dire : "pourquoi je devrais renoncer à ce jour férié ? Il faut dire aussi que les arguments du gouvernement ne sont pas terribles." 

En effet, c'est une manifestation, phénomène "très rare" au Danemark. 

En supprimant ce jour chômé, la première ministre Mette Frederiksen, à la tête d'une coalition centre gauche-centre droit, espère récupérer 430 millions d'euros pour financer la hausse des dépenses militaires. Un investissement qu'elle juge "nécessaire" après l'invasion russe en Ukraine; un argument qui ne convainc pas Lizette Risgaard, la présidente de la Confédération des syndicats danois (FH). Ce syndicat a organisé une grande manifestation dimanche 5 février 2023 pour défendre le maintien du "Store Bededag". "Nous pensons que c'est totalement injuste parce qu'enlever un jour férié puni les salariés alors que les employeurs, eux, en tirent des bénéfices, a affirmé Lizette Risgaard. Et puis, ce n'est pas la façon dont on négocie des changements au Danemark." 

La Confédération des syndicats danois, forte de plus d'un (1,3) millions de membres estime que le gouvernement danois peut largement trouver les fonds nécessaires sans supprimer ce jour férié. Le clergé et les partis d'opposition sont sur la même ligne. 

Cette semaine, la télévison danoise a demandé à la cheffe du gouvernement si toutes ces critiques pourraient la faire changer d’avis. "Non", a répondu Mette Frederiksen. Le gouvernement s’en tient à l’opinion qu’il défend depuis un certain temps, même si c’est impopulaire. Nous n’avons pas le choix : pour bâtir la société que nous voulons, nous devons trouver de l’argent. Nous avons de grands défis à régler en matière de politique de défense, de sécurité ". 

Une pétition mise en ligne par FH a rassemblé près d'un demi-million de signatures contre la disparition du Store Bededag. Il y a dix ans, un gouvernement social-démocrate avait déjà tenté de supprimer ce jour férié, avant d'y renoncer face à la tollé. 

David DOLTAIRE
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