Le communiqué final du Conseil des ministres du mercredi 25 janvier dernier a permis à l'opinion publique de savoir les dysfonctionnements qui ont entravé la gestion de l'Agence Judiciaire du Trésor courant 2017 à 2020. Ces problèmes viennent d'un rapport examiné par le Conseil des ministres et donc par le gouvernement. Face à cette situation, le Conseil des ministres a fait des recommandations. 

En effet, au terme d’une mission de l’Inspection générale des finances, les principaux constats qui émergent dudit rapport ont trait à la non-représentativité de l’AJT à plusieurs audiences. Ceci, au regard du nombre réduit du personnel disponible et déployé au niveau des tribunaux et cours. Un seul agent par juridiction sauf à Cotonou avec deux agents. Il est aussi constaté la méconnaissance des textes relatifs au recouvrement des amendes pénales par la plupart des acteurs de la justice, principalement les Greffiers en chef. La mauvaise tenue des répertoires dans la plupart des juridictions ainsi que les minutes des décisions de justice, la non-transmission des extraits de jugements ou d’arrêts à l’AJT et au Trésor Public par les acteurs de la justice (Procureurs de la République et Greffiers) sont d'autres dysfonctionnements notés par les membres du gouvernement. 

À cela, s'ajoutent le défaut de paiement des amendes par les personnes condamnées qui, une fois leurs peines purgées, ne s’en préoccupent plus, l’encaissement par le Trésor public des fonds sur le compte des recettes budgétaires sous le libellé « Frais et amendes judiciaires », sans distinction des amendes pénales des autres ressources de l’État provenant des activités judiciaires. Il y a également la mauvaise tenue des documents comptables au niveau de la régie d’avances. 

Par ailleurs, poursuit le Conseil des ministres, l’évaluation approximative, au regard de la documentation disponible, du montant des amendes prononcées par les tribunaux et cours de janvier 2017 à décembre 2020, se chiffre à neuf milliards dix-neuf millions deux cent soixante-douze mille cinq cent trente-un (9.019.272.531) francs CFA. Ceci, avec un taux de recouvrement de 2,64 % seulement correspondant à un montant de deux cent trente-huit millions trente-sept mille cent soixante-trois (238.037.163) francs CFA. Ainsi, le montant non recouvré est estimé à huit milliards sept cent quatre-vingt-un millions deux cent trente-cinq mille trois cent soixante-huit (8.781.235.368) francs CFA. 

En plus, il a été relevé le non-respect rigoureux des conditions d’agrément d’Avocats et de juristes spécialisés à l’Agence Judiciaire du Trésor ainsi que de la fixation du montant des honoraires et d’allocation de provision sur honoraires d’Avocat. Par conséquent, il est apparu que, outre le défaut de référence au barème, vingt et un (21) contrats sur soixante-dix-neuf (79) signés au cours de la période, n’ont pas respecté les dispositions qui limitent le montant de la provision à 30% au maximum des honoraires. 

Prenant acte de ce rapport, le Conseil a instruit les ministres concernés de veiller à la mise en œuvre des recommandations y formulées, à savoir : la dématérialisation des procédures de recouvrement des amendes pénales et autres frais de justice, l’appropriation, par les acteurs, des textes relatifs au recouvrement des amendes pénales et autres frais judiciaires, notamment le décret N° 2012-143 du 7 juin 2012 portant réglementation des frais de justice criminelle, correctionnelle et de police, le respect des dispositions de l’arrêté relatif aux conditions d’agrément d’avocats et de juristes spécialisés à l’Agence Judiciaire du Trésor ainsi que de celui fixant le barème de référence des honoraires des avocats et autres juristes spécialisés et, si nécessaire, sa modification au regard des difficultés éventuelles liées à son application. 

Enfin, le Garde des Sceaux, ministre de la Justice et de la Législation instruira les présidents des tribunaux et cours aux fins de faire recouvrer, en relation avec l’AJT, le montant des amendes pénales et autres frais de justice non encaissés, notamment ceux relevés par le présent rapport. 

David DOLTAIRE
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