L'État islamique (EI) a revendiqué une tentative d'assassinat du Président nigérian, Muhammadu BUHARI. Il le présente comme un « tyran apostat ». Jeudi 29 décembre 2022, une explosion a été entendu à Adavi, dans la ville d'Okéné, à 268 kilomètres au sud-ouest d'Abuja, au Nigeria. Bilan : quatre morts selon la presse locale. 

Cinq jours après, cet incident sécuritaire sur lequel peu d'informations ont filtré a été revendiqué par l’État islamique. Le Lundi 2 janvier 2023, le groupe jihadiste affirme sur ses différents canaux de propagande avoir tué trois gardes du Palais de l'émir d'Okéné. C'est dans l’État de Kogi. Le groupe jihadiste dit avoir d'ailleurs ciblé le Président du Nigéria, Muhammadu BUHARI, au pouvoir depuis 2015. Alors que le Chef de l'État nigérian était attendu à Adavi le jour de l'incident pour inaugurer un hôpital. Il est situé à moins d'un kilomètre du Palais de l'émir, Ado Ibrahim. Mais l'attaque à la voiture piégée s'est produite trente minutes avant son arrivée sur les lieux. 

Pourtant, cet incident qui aurait pu coûter la vie à BUHARI qui doit quitter le pouvoir à l'issue de la présidentielle du 25 février 2023, est passé inaperçu. 

« Je suis surpris de constater que cette attaque n'a pas reçu suffisamment d'attention », s'étonne Tomasz ROLBIECKI, spécialiste de l'insurrection jihadiste au Lac Tchad. « Il s'agit d'une tentative d'assassinat du Président nigérian en exercice », relève-t-il, stupéfait. L'opération n'a pas atteint ses objectifs pour des raisons liées au « renseignement », précise Wassim Nasr, spécialiste des groupes jihadistes. Le journaliste de France24 estime quant à lui que « le plus important ici, c'est la capacité des jihadistes à préparer et à infiltrer une voiture piégée » dans cette localité. Surtout dans un contexte de visite du Président de la République du Nigéria. 

Tomasz ROLBIECKI souligne que l'utilisation d'une voiture piégée dans cette opération signifie que la Province de l'État islamique en Afrique de l'Ouest (PEIAO) dans cette opération « est capable de lancer des attaques de plus grande envergure et pas seulement se limiter à harceler des civils ou des postes de polices locaux ». « La cellule de Kogi qui n'est active que depuis quelques mois a été capable de préparer une voiture explosive et de cibler directement le Président nigérian, ce qui constitue clairement une montée en puissance de PEIAO au-delà de sa zone de confort du Borno », soutient Damien FERRÉ, Directeur de la société Jihad Analytics. 

Cette ambition a été mise en avant lors de la campagne d'allégeance au nouveau « calife » de l'État islamique, Abou Hussein al Husseini al Qourachi. À cette occasion, plusieurs petits groupes de trois ou de quatre personnes ont été montrés dans le centre du Nigéria, vouant allégeance au successeur d'Abu al Hassan al Hachimi al Qourachi. 

Créé en 2002, le groupe jihadiste Boko Haram est entré dans une nouvelle ère de son insurrection contre l'État fédéral du Nigéria, après la mort de son fondateur Mohamed Yusuf en 2009 à Maiduguri, dans l’État de Borno (nord-est). Depuis 2016, le groupe est divisé en deux factions après que Abubakar Shekau a contesté le choix de l'État islamique d'installer Habib Yusuf dit Abou Musab al Barnawi comme nouveau « gouverneur ». Refusant de se soumettre à l'autorité de ce dernier, Shekau a été contraint au suicide en mai 2021 dans la forêt de Sambisa. 

David DOLTAIRE
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